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« L'écriture est parole et silence à la fois. »

Lucifer
Messages : 65
Date d'inscription : 26/01/2014
Seigneur et Prince de l'Orgueil





Lucifer
Seigneur et Prince de l'Orgueil
Sam 5 Juil - 19:16
Eeeet... Je m'y mets à mon tour ! Parce que j'aime beaucoup écrire, et que donc... Vu que j'aime énormément ce forum aussi, j'ai envie de partager certains de mes écrits avec vous. Donc je commence avec celui-là, qui est probablement l'un de ceux que j'aime le plus.
Si jamais vous voulez réagir dessus, m'adresser des remarques ou des critiques, n'hésitez pas, je prends tout, tant que c'est constructif ♥



Larmes de Neige

La neige tombait, lentement. Peu à peu, elle recouvrait le sol, masquant la boue, les pierres, les rivières, même. Les premiers flocons se teintaient, ici de noir, là de marron, ici encore de rouge. Puis d'autres les rejoignaient, s'étendaient sur eux, pour finalement former une couche à la couleur de plus en plus pure, immaculée. Le jour était encore loin de se lever, et nul ne marchait encore dehors. Aucune empreinte n'était visible dans l'ensemble de la petite ville, qui semblait sommeiller doucement, ou bien s'endormir, se blottissant sous une couverture de neige.

Les maisons étaient relativement espacées, et la plupart d'entre elles n'étaient pas en bon état. Certains murs tombaient en ruines, d'autres avaient un trou béant dans leur toiture, d'autres encore semblaient sur le point de s'effondrer tant elles paraissaient bancales ou vétustes. Il n'y avait aucun ordre dans les constructions, aucune volonté de transformer un endroit en lieu d'habitation commun. Juste des maisons, les unes à côté des autres, au milieu d'un désert gelé. Pas d'école, pas de commissariat, pas d'hôpital. Rien. Même pas de réelle route, juste des pistes de terre où quelques voitures avaient laissé la trace de leurs roues.

La plupart de ces maisons étaient plongées dans l'obscurité. Mais dans l'une d'elle, la flamme vacillante d'une lampe à huile éclairait une pièce. Etait-ce une cuisine, une salle à manger, un salon ? Il était difficile de le dire. Il y avait une table branlante au centre, avec deux chaises auxquelles il manquait des barreaux. Il y avait un réchaud à gaz dans un coin, avec quelques plats sales posés à côté. Il y avait un grand fauteuil, vieux mais qui paraissait encore très confortable en dépit de son âge. Et il y avait deux personnes. Deux adolescents.

Les deux avaient des cheveux blonds, même si ceux de l'un se rapprochaient de l'or, tandis que l'autre arborait une couleur bien plus pâle, mais tout aussi belle. Le premier les portait longs. Très longs. Une tresse qui tombait jusqu'au bas de son dos. L'autre les avait relativement courts, sans être rasés. Ses mèches tombaient sur son front et atteignaient ses yeux. Ils étaient assis l'un en face de l'autre, leurs yeux plongés les uns dans les autres. Prunelles couleur de nuit, iris teintés de soleil. Leurs coudes reposaient sur la table, et leurs mains étaient jointes.

Tous deux avaient des habits en lambeaux, et étaient pieds nus. Des pieds qui portaient nombre de coupures et d'engelures, vivant et douloureux témoignage qu'ils marchaient toujours sans rien pour les protéger. Leurs mains portaient les mêmes stigmates, et les parties de leurs corps qui n'étaient pas protégés par leurs vêtements avaient aussi des traces sanglantes et des hématomes. Ils étaient sales, ils étaient maigres. Mais leur regard brillait de vie, d'une farouche volonté de survie, qui se mêlait à un profond amour. Une affection qu'ils ressentaient l'un pour l'autre.

"Sortons."

Ils se levèrent d'un même mouvement, gardant l'une de leurs mains jointe, et se dirigèrent vers la sortie de la pièce. Ils arrivèrent dans ce qui aurait pu s'appeler une entrée dans d'autres conditions. De violents courants d'air froids soufflaient à travers les lattes disjointes de la porte donnant sur l'extérieur, et un escalier délabré menait à l'unique étage de la maison. Escalier dont les marches les plus hautes craquèrent légèrement, faisant se figer les deux adolescents. Les craquements se succédaient lentement, retentissant de plus en plus fort. Puis émergea de l'ombre un jeune enfant.

Ses cheveux parme tombaient librement sur ses épaules et atteignaient ses fesses. Sa maigreur était encore plus marquée que celle des deux autres, et en devenait presque effrayante. De même, les hématomes qu'il arboraient étaient plus nombreux, et certains semblaient extrêmement récents. Malgré son état plus que pitoyable, ce fut un sourire affectueux et heureux qui naquit sur ses lèvres, bouleversant son visage pour le rendre terriblement attachant. Il descendit les dernières marches en courant presque, et se jeta dans les bras du duo. Ils refermèrent leurs bras sur lui, le câlinant et lui caressant les cheveux avec douceur, avant que l'un des deux ne déclare d'un ton profondément affectueux :

"Nous sortons. Mets-toi à l'abri en attendant notre retour. Il est encore très tôt, mais il risque de s'éveiller.

-Sois prudent, mon cristal..."

L'enfant hocha la tête, son regard doré et lumineux s'assombrissant un peu aux paroles des deux plus âgés. Il se tassa un peu sur lui-même, tout en allant les embrasser successivement sur la joue, la crainte imprégnant légèrement sa physionomie.

"Soyez prudents, vous...

-Oui. Toujours. Allez, va."

Les deux adolescents se retournèrent et sortirent des armes à feu d'un coffre soigneusement verrouillé, et vérifièrent qu'elles étaient chargées. Puis, après un dernier sourire à l'enfant, ils ouvrirent la porte et s'enfoncèrent dans le froid. La neige tourbillonnante les cacha bientôt à la vue du bambin, et la porte se referma, les séparant pour de bon. Il poussa un soupir à fendre l'âme, alors que tout son être perdait la lumière qu'il irradiait auparavant, lorsqu'il leur souriait.

Puis un bruit le fit se figer. Un craquement. Puis un second. Très éloignés. L'effroi écarquilla ses yeux, alors qu'il secouait la tête en reculant. Comme si son refus pouvait empêcher le bruit de se rapprocher davantage. Le bruit et ce qu'il annonçait. Un troisième craquement retentit, sinistre. Et un petit gémissement de peur s'éleva dans les airs, comme en écho. Echo qui revint sous la forme d'un rire effrayant.

"Viens me voir, mon petit..."

Le gémissement de l'enfant se teinta de refus. Et alors que la silhouette d'un adulte se détachait de l'obscurité de l'escalier, il se décida à bouger, filant le plus rapidement possible en direction de la pièce principale. Les grincements continuèrent, jusqu'à ce que l'homme soit arrivé en bas. Ils furent alors remplacés par des bruits de pas, irréguliers. Un-deux. Une pause. Un-deux. Encore une pause. Et ainsi de suite. Puis sa silhouette se dessina dans l'encadrement de la porte. Il s'avança... et le garçon se précipita en direction de l'entrée pour lui échapper.

L'adulte tenta bien de se pencher, mais en vain, et le petit montait déjà l'escalier quatre à quatre. Poursuivi par les bruits de pas, puis les grincements à nouveau. Et ces simples sons le terrifiaient, et l'empêchaient de réfléchir rationnellement. Arrivé en haut, trois choix s'offraient à lui. Trois portes. L'une d'elles était ouverte, dévoilant une petite partie d'une chambre, dont le sol était jonché de bouteilles vides et de différents objets, dont la seule vue augmenta la terreur de l'enfant. Une autre était fermée, et la dernière était entrouverte.

Ce fut vers celle-ci qu'il se précipita, se jetant contre la porte pour l'ouvrir plus rapidement encore. Il entendait toujours des grincements, signe que l'homme n'avait pas terminé de monter l'escalier. La chambre dans laquelle il était ne comportait qu'un lit, sur lequel traînait une couverture solitaire. La pièce en elle-même était minuscule, et le lit tenait à peine à l'intérieur. Il se laissa tomber au sol et rampa sous l'unique meuble, s'y blottissant en tremblant, tandis que les bruits de pas remplaçaient à nouveau les grincements.

"Viens voir papa..."

Il ne répondit rien, se contentant de rester recroquevillé sur lui-même, contre le mur. L'autre arriva sur le seuil de la chambre et s'y immobilisa. Un soupir retentit faiblement, alors que la scène semblait se figer. Aucun des deux ne bougea, et le silence aurait régné sans partage s'il n'avait pas été interrompu par quelques petits gémissements, hoquets et reniflements de la part de l'enfant caché.

"Tu te crois malin ?"

La voix désagréable du père s'éleva à nouveau, porteuse d'un profond agacement, proche de la colère. Un gémissement lui répondit, et il s'approcha d'encore quelques pas. En boitant.

"Si mon genou n'était pas abîmé, je t'aurais déjà attrapé ! Sors de là !"

Le petit garçon ne lui répondit rien, clairement terrorisé et n'ayant pas la moindre envie de sortir pour être à la merci de son géniteur. Si son genou n'avait pas été abîmé, il n'aurait eu aucun endroit pour lui échapper... Alors que la situation semblait vouée à s'éterniser, un nouveau bruit retentit dans la maison. Le bruit de la porte qui s'ouvrait. Le vent qui s'engouffrait à l'intérieur. Puis la porte qui se refermait. L'adulte eut un mouvement de rage, que son jeune fils devina parfaitement sans avoir besoin de le voir, puis quitta la pièce et retourna dans sa propre chambre, fermant la porte derrière lui.

Mais le bambin ne sortit pas, toujours aussi apeuré. Les grincements de l'escalier revinrent, mais bien plus rapides et marqués, cette fois. Deux personnes le gravissaient en courant. Les deux adolescents, qui arrivèrent hors d'haleine dans la chambre. Ils se jetèrent à genoux devant le lit, et l'enfant sortit enfin, se jetant dans leurs bras en pleurant. Ils l'attirèrent contre eux, l'un des deux prenant juste le temps de poser à côté de lui le sac de nourriture qu'il tenait. Puis ils le câlinèrent avec tendresse et douceur, lui murmurant des mots d'amour à l'oreille, jusqu'à ce que ses larmes se furent taries...
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